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UKRAINE : MAIS POUR QUI ROULENT DONC LES CURIEUX « NATIONALISTES » DE SVOBODA… ?

13 Décembre 2013 , Rédigé par forumsi Publié dans #La crise ukrainienne depuis fin 2013

UKRAINE : MAIS POUR QUI ROULENT DONC LES CURIEUX « NATIONALISTES » DE SVOBODA… ?

Revenons maintenant sur la crise ukrainienne, dont les aspects économiques et financiers semblent avoir pesé extrêmement lourd, comme on va le voir, sur la décision du président Ianoukovitch de se rapprocher de la Russie.

Extrait du site lemonde.fr, le 9 décembre 2013 à 13 heures 11 (article de Benoît Vitkine, envoyé spécial à Kiev) :

« À KIEV, L’OPPOSITION REFUSE LA ‘’VENTE’’ DE L’UKRAINE À LA RUSSIE

« (…) Deux semaines après avoir tourné le dos aux Européens qui lui proposaient un accord d'association, le président ukrainien a-t-il, dans le secret de la résidence de Vladimir Poutine à Sotchi, engagé son pays sur la voie de l'Union douanière, sorte de marché unique qui arrime à Moscou des pays de l'ancien espace soviétique comme le Kazakhstan, la Biélorussie, et demain l’Arménie ?

(…) L'opposition assure connaître les détails du ‘’deal’’ conclu dans la station balnéaire russe. ‘’Nous avons nos informations’’, affirme Ostap Semerak, conseiller d'Arseni Iatseniouk, l'un des chefs de file de l'opposition et celui qui a le premier, samedi, accusé le pouvoir d’avoir ‘’vendu’’ le pays. ‘’Viktor Ianoukovitch signera ce partenariat stratégique le 17 décembre, lors de sa prochaine visite en Russie, croit savoir M. Semerak. Il prévoit une adhésion rapide à l'Union douanière en échange d'un prêt de 5 milliards de dollars et de la fourniture de gaz à un prix deux fois inférieur à celui payé actuellement.’’ (…).

(…) Si tant est qu'il hésite encore, la marge de manœuvre est étroite pour le président. Les réserves de devises étrangères s'effondrent et les taux d'intérêt de la dette ukrainienne dépassent ceux de pays européens les plus en difficulté. En clair, M. Ianoukovitch a besoin – et vite – d'espèces sonnantes et trébuchantes, faute de quoi s'envoleront ses espoirs de réélection en 2015.

Les calculs sont vite faits : le Fonds monétaire international demande des réformes impopulaires ; l’Union européenne n’a que de maigres subsides à apporter, et les contrôles tatillons de Bruxelles sur leur utilisation ne sont pas dans les mœurs d'un homme qui a fait de la prédation systématique de l'économie un mode de gouvernance. (…). Ce climat d'incertitude et le mutisme du pouvoir ont contribué à accentuer la crise politique. (…). »

Le commentaire de ForumSi :

UKRAINE : MAIS POUR QUI ROULENT DONC LES CURIEUX « NATIONALISTES » DE SVOBODA… ?

Dans notre article du 6 décembre, nous estimions que c’était Ianoukovitch qui avait fait pression sur la Fédération de Russie, et non l’inverse, le président ukrainien ayant, à l’évidence, mis l’Union européenne et la Fédération en concurrence, afin de conclure avec celui des deux partenaires potentiels qui était susceptible d’apporter à l’Ukraine l’aide financière la plus importante.

Et, comme le dit à peu près l’article du Monde ci-dessus, « il n’y avait pas photo », la Russie étant, d’après un conseiller d’Arseni Iatseniouk, le dirigeant du mouvement Batkivchtchina (l’un des trois mouvements constituant l’ossature de l’actuelle contestation et présentés dans notre article du 6), en mesure de faire bénéficier l’Ukraine d’un prêt de 5 milliards de dollars à un taux que l’on imagine avantageux, ainsi que d’une fourniture de gaz à un prix deux fois inférieur à celui payé actuellement, ces deux mesures étant complétées par une adhésion de l’Ukraine à l’Union douanière constituée à l’initiative de la Russie.

Or, que pouvait proposer l’UE, ainsi mise en concurrence avec la Russie ? Rien d’autre que ce qu’elle a mis en œuvre en Grèce, en Espagne, au Portugal et dans tous les autres pays européens que la crise américaine des subprimes et les attaques des gnomes de Wall Street contre l’euro ont plongés dans la récession et la pauvreté (selon un processus que nous avons décrit dans nos articles et commentaires regroupés sous la rubrique « Quand Wall Street attaque l’euro »).

Il est bien évident que le président ukrainien ne pouvait que refuser une telle perspective et accepter, en conséquence, l’offre russe, une offre qu’il avait réussi à rendre plus attractive en faisant traîner en longueur les négociations avec l’Union européenne, ce qui avait eu pour conséquence d’inquiéter la Russie, ainsi amenée à enrichir ses propositions (cf. notre commentaire du 6 décembre). Dans ces conditions, on ne comprend pas très bien l’attitude de Svoboda et son acharnement à demander le rattachement de l’Ukraine à l’UE, encore réclamé par son leader, Oleg Tiagnibok (notre photo), lors d’une déclaration diffusée dans le journal d’Arte du 12 décembre à 19 heures 45.

Svoboda est, paraît-il, un mouvement nationaliste. Il l’a certainement été, mais, s’il l’était encore vraiment, il demanderait certes des comptes à Ianoukovitch, dont la politique est probablement en partie responsable de la délicate situation financière de l’Ukraine (n’oublions pas non plus l’impact du jeu pervers des menées spéculatives décidées à Wall Street et destinées à affaiblir les positions européennes, y compris, même indirectement, celles de la Russie), mais n’exigerait pas le rattachement de l’Ukraine à l’UE, alors qu’il sait pertinemment que cela signifierait la ruine de son pays.

DERRIÈRE SVOBODA, DE PROBABLES MANIPULATEURS…

La position des « nationalistes » de Svoboda paraît donc bien étrange et, pour tout dire, fort peu…nationaliste ! Et cela amène, très logiquement, à se poser des questions à propos de Svoboda. Comme nous le notions dans notre article du 6, ce mouvement paraît issu assez directement de l’OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens), et plus précisément de l’OUN-B (dont nous reproduisons l’emblème ci-dessous), une fraction de l’OUN fondée et dirigée par le fasciste Stepan Bandera (OUN-B signifie OUN-Bandera ; on rappellera que le portrait de Bandera est omniprésent dans toutes les manifestations de Svoboda), qui, les armes à la main, combattit à la fois les Soviétiques et les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale.

Lors de sa fondation, en 1991, Svoboda revendiqua assez clairement sa filiation avec l’OUN-B, affichant un nationalisme radical et adoptant un emblème assez proche de la rune du Loup. Mais les choses n’en restèrent pas là. A partir de 2003, le mouvement entama une mutation dans le sens de la « respectabilité », mutation dont le signe extérieur évident fut l’abandon de la pseudo-rune du Loup et son remplacement par les trois doigts symbolisant le trident ukrainien que l’on trouve maintenant sur le drapeau de Svoboda (cf. la reproduction dudit drapeau figurant en tête de notre article du 6 décembre).

Cette mutation suivit, semble-t-il, une cure de « dédiabolisation » assez semblable à celle que subirent, en France, le Bloc identitaire et, sous la houlette de Marine Le Pen, le Front national, ou encore l’English Defence League en Grande-Bretagne (cf. notre commentaire du 15 août dernier), le Vlaams Belang en Belgique et le FPÖ en Autriche (cf. notre commentaire du 25 octobre). Cures de dédiabolisation conseillées et pilotées, bien entendu, par les habituels réseaux sionistes et néo-conservateurs, dont l’objectif est de transformer des mouvements authentiquement nationalistes, à l’origine, en formations populistes orientées, non plus contre l’immigration, mais contre l’Islam, ce qui en fait des auxiliaires zélés de la politique sioniste et néo-conservatrice du « choc des civilisations ».

Il semble tout à fait plausible que le mouvement Svoboda soit entré dans un tel schéma, ce qui expliquerait son surprenant acharnement à vouloir à toute force faire adhérer l’Ukraine à l’Union européenne. Ceux qui manipulent les mouvements populistes cherchent en effet avant tout à créer des tensions entre l’UE et la Russie, cette Russie qui, au-delà de la Syrie et de l’Iran, semble bien être l’ennemi ultime des gnomes de Wall Street, lesquels n’ont jamais pardonné à Poutine d’avoir préservé la propriété du peuple russe sur ses immenses richesses naturelles.

Il convient donc d’être particulièrement vigilant vis-à-vis de Svoboda, qui semble ainsi être le serviteur d’intérêts qui n’ont rien à voir, ni avec ceux de l’Ukraine, ni avec ceux de l’Europe. Une véritable politique européenne chercherait, au contraire, un accord de long terme entre l’UE et la Russie, dont la question ukrainienne pourrait d’ailleurs très bien être l’élément déclenchant. Et l’on s’étonnera que personne, ni à Paris, ni à Bruxelles, par exemple, ne s’empare de cet élément déclenchant pour entamer une large négociation avec la Fédération de Russie :

NON AUX PROVOCATIONS ANTIRUSSES DE KIEV ! EXIGEONS UN ACCORD DE LONG TERME ENTRE L’UE ET LA RUSSIE !

UKRAINE : MAIS POUR QUI ROULENT DONC LES CURIEUX « NATIONALISTES » DE SVOBODA… ?
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