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IL Y A QUATRE-VINGT-DOUZE ANS, LA MARCHE SUR ROME : « CAMERATI! SALUTO AL DUCE! »

28 Octobre 2014 , Rédigé par forumsi Publié dans #Casapound

IL Y A QUATRE-VINGT-DOUZE ANS, LA MARCHE SUR ROME : « CAMERATI! SALUTO AL DUCE! »

Le 28 octobre 1922, des dizaines de milliers de Chemises noires du Partito Nazionale Fascista (PNF) marchaient sur Rome, en provenance de diverses régions italiennes. Dans sa très discutable « Italie de Mussolini », Max Gallo décrit ces militants fascistes avec un certain romantisme : « Les jeunes gens à barbiche taillée en pointe, à la Balbo, les casques peints en rouge, une tête de mort brodée sur leur chemise noire, le poignard passé dans une large ceinture de cuir, chantent sous la pluie ».

Deux jours plus tard, leur chef, Benito Mussolini, était nommé président du Conseil et pouvait fêter sa victoire avec les principaux dirigeants de la Marche, surnommés les « quadriumvirs » : le flamboyant « squadrista » Italo Balbo, le général Emilio De Bono, le syndicaliste révolutionnaire Michele Bianchi et l’avocat Cesare Maria De Vecchi (sur la photo ci-dessus, où De Bono est absent, on peut voir, au second plan, en allant de gauche à droite : Balbo, Mussolini, De Vecchi et Bianchi ; au premier plan, une Chemise noire tend le bras pour le « saluto al Duce! », ce « salut au Chef ! » qui, en plein XXème siècle, reprend le salut des Romains de l’Antiquité, signifiant ainsi que l’Italie renoue avec ses racines les plus profondes ; on sait quel sera le succès du « salut romain » ainsi remis au goût du jour…).

DE L’INTERVENTIONNISME DE GAUCHE AU FASCISME

Ancien dirigeant du Parti socialiste italien et ancien rédacteur en chef de l’Avanti, le quotidien du Parti, Mussolini avait mené, alors qu’il était encore membre de celui-ci, une vigoureuse campagne en faveur de l’intervention de l’Italie aux côtés des Alliés pendant la Première Guerre mondiale, campagne qui amena son exclusion du Parti socialiste italien. Cette campagne « interventionniste » du futur Duce du fascisme résulta d’une évolution de son analyse de la situation, évolution que l’on peut résumer de la façon suivante :

-au début de la guerre, Mussolini, en homme de gauche convaincu, est hostile à l’intervention, par pacifisme ;

-puis, progressivement, il se rend compte que, en restant en dehors du conflit, l’Italie risque de passer à côté de l’Histoire, qui se fera sans elle (il refera, notons-le, un raisonnement du même type en 1940) ; par ailleurs, des terres italiennes, les terres « irrédentes », sont encore sous domination austro-hongroise, qu’une intervention italienne dans la guerre pourrait ramener dans le giron de la mère-patrie ; enfin, et l’on se trouve là en face d’un raisonnement de type léniniste, la guerre peut engendrer de profonds bouleversements sociaux et favoriser cette Révolution que Mussolini appelle de ses vœux (de ce qui est un mal aux yeux de ce pacifiste peut sortir un bien : la révolution sociale) ;

-ces trois considérations (où la dernière n’est qu’une conséquence mécanique des deux premières) vont amener ce dernier à opter, finalement, pour l’intervention aux côtés des Alliés ; on notera que Mussolini obéit ici à des motifs à la fois nationaux (éviter la marginalisation de l’Italie et récupérer les terres irrédentes) et sociaux (œuvrer pour la Révolution), dont l’alliance, légitimée par une démarche idéologique originale, sera, à l’avenir, la marque de fabrique du fascisme.

A l’occasion de cette vigoureuse campagne pour l’intervention, qui aboutira à l’entrée en guerre de l’Italie en 1915, Mussolini devint le leader de ce que l’on nomma l’ « interventionnisme de gauche », ce rassemblement activiste de dissidents socialistes et de syndicalistes révolutionnaires qui constitua la véritable matrice du fascisme. Il finit par incarner et réaliser une synthèse des aspirations socialistes, syndicalistes révolutionnaires, nationalistes et futuristes (ces deux dernières étant respectivement théorisées par Enrico Corradini et Filippo Tommaso Marinetti), auxquelles s’ajoutèrent celles des combattants -les « arditi » en particulier, ainsi que les « légionnaires » du poète Gabriele D’Annunzio- d’où émergea ce mouvement politique, économique, social et culturel très particulier qu’est le fascisme. Avec lui naissait ce qui, avec le bolchevisme, devait être la grande révolution du XXème siècle.

L’ACTION FRANÇAISE, NOTRE FASCISME : QUAND LÉON DAUDET PENSAIT À UNE « MARCHE SUR PARIS »

La Marche sur Rome eut un retentissement considérable à l’extérieur de l’Italie (elle inspira, par exemple, le putsch de novembre 1923 à Munich), et en particulier chez les maurrassiens français, qui savaient quelles convergences idéologiques pouvaient exister entre le fascisme et le nationalisme intégral. Dans son ouvrage -très inégal- sur l’Action française, l’historien américain Eugen Weber donne à ce sujet les précisions suivantes :

« Les observateurs amicaux ou hostiles notaient les ressemblances entre les nationalistes intégraux et les fascistes. Les membres de l’Action française espéraient que Daudet prendrait le pouvoir à Paris de la même façon que Mussolini à Rome ; les commentateurs de province dénonçaient le danger d’un coup de force royaliste. Le Populaire de Nantes déplorait [NDR : le 2 novembre 1922], la forte position de Daudet avec toute la puissance de l’Action française derrière lui. Il fallait compter avec lui, qui, un jour ou l’autre, encouragé par la victoire de Mussolini, tenterait un coup d’Etat.

« Dix jours plus tard, une souscription comprenait vingt francs envoyés par un artilleur qui assurait ‘’qu’il aimerait aider l’Action française à atteindre le même but que le Fascio’’.

« Il semble que Daudet lui-même ait eu la même idée. Il reçut un accueil enthousiaste d’un public d’étudiants en affirmant à propos de Mussolini que l’Action française, elle aussi, s’emparerait du pouvoir (…). (Ce qui) ne serait pas le résultat d’une inspiration fasciste pour autant, mais le résultat de la doctrine d’Action française existant depuis longtemps. ‘’Nous n’imitons personne, expliquait Daudet avec un rien d’amertume, nous ne sommes le résultat d’aucun autre mouvement, pas même du fascisme italien contemporain ou passé’’. »

On sait que les espoirs de Léon Daudet ne se réalisèrent pas, pour des raisons que nous n’analyserons pas ici. Il reste néanmoins que la Marche sur Rome représenta, pour l’Europe, un grand coup de vent salutaire que tous les Européens doivent fêter avec reconnaissance, en s’écriant, comme on pouvait le faire à l’époque : « Viva la rivoluzione delle Camicie nere » !

LA MARCHE SUR ROME : UNE AUTHENTIQUE RÉVOLUTION

« Vive la révolution des Chemises noires ! », en effet, car il s’agissait bel et bien d’une révolution, contrairement à ce que veut nous faire croire l’histoire officielle distillée par les gras médias, qui laissent entendre que la Marche sur Rome n’était que l’habillage héroïque d’un accord secret entre le roi Victor-Emmanuel III et Mussolini, au terme duquel ce dernier devait accéder au poste de président du Conseil.

Or, rien n’est plus faux. Ayant participé à un colloque réuni à l’occasion du quatre-vingt-dixième anniversaire de la Marche, Gabriele Adinolfi signalait que celle-ci s’était traduite par de nombreux accrochages entre les militants fascistes et les forces de l’ordre, ce qui est bien la preuve qu’aucun accord n’existait entre le Roi et le Duce. Le roi d’Italie, en effet, n’avait nullement l’intention de remettre le pouvoir à Mussolini, qui, de par sa formation socialiste, était d’ailleurs foncièrement républicain et n’avait certainement pas le projet de soutenir la monarchie branlante de la maison de Savoie.

On trouvera une confirmation des tensions de l’époque dans cette information, toujours donnée lors du colloque de 2012, que plusieurs dizaines de fascistes armés, dirigés par un homme particulièrement énergique, Ettore Muti, s’étaient installés clandestinement à Rome, où ils devaient, si nécessaire, intervenir pour prendre à revers les forces de l’ordre, au cas où celles-ci auraient tenté de s’opposer à l’entrée des Chemises noires dans la Ville éternelle.

Peu confiant dans les soutiens dont il pouvait disposer, en particulier au sein de l’armée italienne, le Roi renonça finalement à s’opposer à Mussolini, qui fut nommé président du Conseil. En contrepartie, ce dernier renonça à abolir la monarchie, avec laquelle il ne rompit qu’en 1943, après sa destitution et lors de la fondation de la République sociale italienne.

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PS : nos lecteurs trouveront ci-dessous une vidéo présentant l’intégralité d’un film documentaire réalisé à la demande du PNF en l’honneur de la Marche.

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