APRÈS LA LIBYE, L’IRAN ?

Extrait du Monde daté du 1^er décembre 2011 :

« ATTAQUE CONTRE L’AMBASSADE BRITANNIQUE À TÉHÉRAN

« Impossible de ne pas songer, après l’attaque, mardi 29 novembre, de l’ambassade de Grande-Bretagne par une foule d’étudiants iraniens radicaux, à celle de l’ambassade des Etats-Unis en 1979 (…).

« (…) les manifestants ont poussé la similitude jusqu’à chanter les mêmes slogans (…), décrocher l’Union Jack pour le brûler avec (les drapeaux) des Etats-Unis et d’Israël, et appeler à la fermeture du ‘nid d’espions’ que serait la représentation britannique à Téhéran. Ils protestaient ainsi contre l’adoption par le Royaume Uni, de concert avec les Etats-Unis et le Canada, de sanctions dures visant le secteur financier et la Banque centrale iranienne, afin de dissuader Téhéran de poursuivre son programme nucléaire, soupçonné d’avoir des visées militaires. (…).

« (…) Aucun membre de l’ambassade britannique n’a été blessé. Le personnel commençait à être évacué hors d’Iran mercredi matin.

« Après avoir laissé faire une première attaque, la police iranienne a repris le contrôle de la chancellerie en faisant usage de gaz lacrymogènes. Des manifestants ont été arrêtés selon les autorités iraniennes, qui ont promis de les juger.

« (…) Cet assaut intervient avant une réunion, prévue jeudi 1^erdécembre, des vingt-sept membres de l’Union européenne sur les sanctions à prendre après la publication du dernier rapport de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA), le 8 novembre, accablant pour Téhéran.

« Paris, qui a déjà annoncé son intention de cesser tout achat de pétrole iranien, veut convaincre les Européens de cibler la Banque centrale et le secteur pétrolier. (…) Les incidents de mardi à Téhéran pourraient faire pencher la balance en faveur des partisans d’une ligne dure à l’égard du régime iranien ».

Le commentaire de ForumSi :

APRÈS LA LIBYE, L’IRAN ?

Il n’est évidemment pas question de défendre ici l’attaque d’une ambassade, acte tout aussi inadmissible que peut l’être, par exemple, le gel par les autorités israéliennes de taxes destinées aux finances palestiniennes. Mais, si l’on ne défend pas, on peut néanmoins imaginer que certains seront tentés de comprendre l’exaspération qui a pu conduire des étudiants iraniens, « radicaux » ou pas, à un acte aussi hautement répréhensible. Cela fait des mois, en effet, que l’Iran est soumis à des condamnations permanentes et à des pressions incessantes de la part des chancelleries dites « occidentales » (en ce qui concerne ce dernier adjectif, régulièrement utilisé par nos dirigeants et médias, il y a lieu de souligner que son usage répété vise à faire perdurer le vocabulaire de la Guerre froide, comme si celle-ci ne s’était pas achevée avec la chute du Mur de Berlin…). Que ces condamnations et pressions aient abouti à l’attaque de l’ambassade de Grande-Bretagne, faut-il vraiment s’en étonner, même si cette attaque doit être condamnée avec la plus grande vigueur ?

Les dirigeants et médias « occidentaux » mettent en avant le danger, paraît-il, de la mise au point d’armes nucléaires par l’Iran. Et il est vrai que la présence d’armes nucléaires au Moyen-Orient peut être considérée comme une grave menace pour la paix dans cette région. Mais alors, une solution semble s’imposer : pourquoi ne pas œuvrer pour l’interdiction totale des armes nucléaires dans tous les pays concernés, y compris Israël, comme l’avait proposé Vladimir Poutine il y a déjà quelques mois ? Qu’en pensent MM. Sarkozy et Juppé ? L’application d’une telle proposition permettrait de sortir enfin de la logique criminelle du choc des civilisations, chère aux néo-conservateurs américains. « Après la Libye, l’Iran » disait à peu près Bernard-Henri Lévy sur France inter au lendemain de l’assassinat de Kadhafi (cf. notre commentaire du 26 octobre) : pourquoi ne pas lui opposer la réponse de paix qui s’impose ?