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ForumSi

APRÈS LA LIBYE, LA SYRIE ? QUAND "LE FIGARO" MENT PAR OMISSION À SES LECTEURS

10 Mars 2012 , Rédigé par forumsi Publié dans #Après la Libye - à qui le tour

Etienne-Mougeotte.jpg

 

Extrait du Figaro du 2 mars 2012 : 

 

« ASSEZ !

 

« Enfin, Edith Bouvier est libre. (…) Mais comment oublier que deux de ses compagnons, Marie Colvin et Rémi Ochlik, ont été tués par les obus de l’armée de Bachar el-Assad. Comment oublier que Gilles Jacquier, journaliste à France 2, a été, lui aussi, assassiné à Homs le 11 janvier. Comment oublier que des dizaines de milliers de civils innocents (…) continuent à mourir sous le feu syrien. (…) ».

 

 

Le commentaire de ForumSi :

 

APRÈS LA LIBYE, LA SYRIE ? QUAND LE FIGARO MENT PAR OMISSION À SES LECTEURS

 

Cet extrait d’un article signé par Etienne Mougeotte (notre photo), directeur de la rédaction du Figaro, est emblématique des divers mensonges et manipulations auxquels se livrent sans discontinuer les médias atlantistes, dès lors qu’il s’agit de la Syrie (et aussi, ajouterons-nous, de l’Iran ou de la Russie). Que lit-on, en effet : que Marie Colvin et Rémi Ochlik ont été tués « par les obus de l’armée de Bachar el-Assad ». Voilà qui est précis ! …et qui montre à quel point Le Figaro a le souci d’informer complètement ses lecteurs. Par contre, la suite de l’article ne semble pas caractérisée par le même professionnalisme. M. Mougeotte, en effet, nous y rappelle que Gilles Jacquier « a été, lui aussi, assassiné à Homs le 11 janvier », sans donner plus d’informations et en particulier sans indiquer cette fois-ci QUI a bien pu commettre un tel assassinat.

 

Allons, nous dira-t-on, qu’allez-vous chercher là ? Si Etienne Mougeotte ne donne pas cette information, c’est tout bonnement parce qu’il n’en a aucune à ce sujet : où est donc le mensonge par omission que vous soupçonnez ? Eh bien, cher lecteur, il provient justement de ce que M. Mougeotte dispose au contraire d’informations concernant ceux qui ont tué Gilles Jacquier et OMET -à son niveau, ça ne peut être que volontairement : il y a donc bien MENSONGE PAR OMISSION- de les rappeler dans son article. Car, ceux qui nous lisent ne l’ont pas oublié, il y a eu, dans Le Figaro.fr du 21 janvier (et dans la version « classique » du même quotidien datée des 21 et 22 janvier) un article très complet et documenté prouvant que Gilles Jacquier a été tué par les anti-Assad (cf. notre commentaire du 23 janvier). 

 

En ne rappelant pas cette information qu’il ne peut pas avoir oubliée, Etienne Mougeotte se livre donc VOLONTAIREMENT à un acte de manipulation et de désinformation de son lectorat. C’est terrible, mais c’est ainsi et cela montre à quels abîmes de nullité professionnelle en est arrivé le journalisme français. Cela suggère aussi le degré de puissance dont doivent disposer ceux devant qui M. Mougeotte s’incline ainsi, c’est-à-dire ceux qui tiennent les centres de propagande de l’atlantisme, ceux qui veulent nous faire croire qu’il est de l’intérêt de la France et de l’Europe de soutenir les insurrections armées obscurantistes actuellement à l’œuvre dans le monde arabe.

 

LE RÔLE DE L’ARABIE SÉOUDITE ET DE SON APPENDICE QATARIEN

 

Mais qui est donc derrière ces centres de propagande atlantistes ? Pour commencer à en avoir une idée, il convient de revenir quelques mois en arrière, au moment où l’intervention de l’OTAN contre la Libye était sur le point de se terminer. Au lendemain de l’assassinat de Kadhafi, en effet, Bernard-Henri Lévy, conseiller diplomatico-militaire à peine occulte de Sarkozy, était interrogé sur France inter par Patrick Cohen, lequel lui posait à peu près la question suivante : « et maintenant, à qui le tour ? ». A cette question, Lévy répondait à peu de choses près ce qui suit : « c’est au tour d’Assad, bien sûr, mais surtout d’Ahmadinejad ».

 

Nous avions reproduit cet intéressant aveu de Lévy dans notre commentaire du 26 octobre 2011 et en avions alors conclu que l’agression contre la Libye ne constituait qu’un galop d’essai avant des opérations plus lourdes, en Syrie et, surtout, en Iran, non sans poser l’habituelle question : en quoi la défense des intérêts légitimes de la France et de l’Europe justifierait-elle que l’armée française participe à d’éventuelles opérations contre la Syrie et l’Iran ?

 

L’actualité nous amène aujourd’hui à reprendre et à développer les éléments de cette analyse initiale. Commençons par la qualification de « galop d’essai » appliquée à l’agression contre la Libye. Ce que nous avions alors en tête était que cette agression devait permettre de vérifier l’absence totale de réaction de la classe politique française face à cette opération militaire, l’idée étant qu’il en irait de même, à peu de chose près, face à une agression contre la Syrie, voire contre l’Iran. Ce test s’est révélé parfaitement concluant, ladite classe politique ayant affiché un encéphalogramme totalement plat face à l’affaire libyenne, de même qu’elle n’avait pas eu un seul battement de cil lors du bombardement, par des forces françaises, du palais du président ivoirien Laurent Gbagbo.

 

Cette absence d’intérêt pour la politique étrangère, y compris dans ses prolongements militaires, est d’ailleurs l’un des faits marquants de la campagne en cours pour la Présidentielle. On n’y parle que de problèmes intérieurs français, avec, de temps à autre, une petite incursion du côté de l’Union européenne, et c’est tout ! Comme si la situation internationale n’avait aucune influence sur la situation de la France et de l’Europe, à commencer par le niveau de prix du pétrole ! Retenons de tout ceci que le galop d’essai a été concluant et que Sarkozy et Juppé (mais où est donc passé Bernard-Henri Lévy ?) peuvent en déduire qu’il n’y aura guère plus de réaction en cas d’opération militaire contre la Syrie (et ultérieurement contre l’Iran), puisqu’une telle opération ne fait plus partie des hypothèses exclues, dès lors que l’on assiste à une aggravation des combats entre l’armée de Damas et les insurgés obscurantistes soutenus par les capitales atlantistes et … Al-Qaïda !

 

Mais venons-en maintenant à la question que nous posions en conclusion de notre commentaire du 26 octobre dernier : en quoi la défense des intérêts légitimes français et européens pourrait-elle justifier une participation de l’armée française à d’éventuelles opérations contre la Syrie et l’Iran ? En ce qui concerne les pressions constantes exercées, depuis de longs mois, par les forces atlantistes à l’encontre de ces deux pays, il y a eu, dans la grande presse, quelques articles qui s’efforçaient, au moins en apparence, de dévoiler qui était à l’origine de ces pressions et pourquoi. En général, deux pays arabes y sont nommément désignés comme étant responsables du déclenchement et du développement desdites pressions : le Qatar et l’Arabie séoudite. On ne s’étendra pas sur le cas du Qatar, dont nous avons signalé l’action à plusieurs reprises dans nos commentaires, tant il est évident, même pour l’observateur le moins attentif, qu’il est en pointe dans le pilotage et le financement de toutes les insurrections obscurantistes du soi-disant « printemps arabe ». Quant à l’Arabie séoudite, les articles que nous visons ici indiquent en général que c’est elle qui est derrière le Qatar, et que son objectif ultime est d’abattre l’Iran révolutionnaire, considéré par elle comme un dangereux rival, chiite qui plus est, dans le monde musulman : tout ceci se résoudrait donc finalement à une rivalité entre deux puissances, l’Iran et l’Arabie séoudite, la seconde cherchant à abattre le premier pour s’assurer un total leadership régional.         

 

Tout ceci est peut-être exact mais paraît pour le moins partiel, nous allons maintenant voir pourquoi. En bonne logique, il semble tout d’abord étonnant que la France emboîte ainsi le pas à l’Arabie séoudite pour l’aider à acquérir ainsi le leadership régional escompté. A l’inverse des Etats-Unis, notre pays n’a pas, en effet, une tradition de longues relations suivies avec la monarchie wahhabite, tradition qui pourrait, sinon justifier, à tout le moins expliquer un appui de Paris aux ambitions séoudiennes. Quant au Qatar, dans la mesure où il ne représente rien d’autre que l’avant-garde du dispositif séoudien, ce n’est pas non plus de son côté, en bonne logique, qu’il faut chercher l’explication de l’empressement du gouvernement français à s’impliquer toujours plus dans la politique atlantiste de pression à l’encontre de la Syrie et de l’Iran : le Qatar est peut-être adulé par les snobs parisiens, toujours prêts à se prosterner devant qui détient de gros moyens financiers, cela ne suffit quand même pas -heureusement !- à expliquer un soutien aveugle de Paris à sa politique aventureuse et belliciste. Il faut donc chercher ailleurs les raisons de ce soutien : mais où ?

 

LE RÔLE D’ISRAËL ET L’IDENTIFICATION DE LA CIBLE ULTIME

 

La réponse est probablement à rechercher du côté d’un autre adversaire irréductible de l’Iran, Israël, curieusement absent des analyses qui se veulent un peu fouillées des grandes manœuvres atlantistes visant la Syrie et son allié iranien. Ces derniers jours, en effet, le gouvernement israélien s’est singulièrement démené pour trouver des alliés prêts à soutenir sa politique agressive vis-à-vis de l’Iran. Lors d’une récente réunion de l’AIPAC, le grand lobby sioniste le plus actif aux Etats-Unis, Netanyahou a ainsi exigé et reçu un appui empressé de trois des quatre principaux candidats aux Primaires républicaines (le « libertarien » Ron Paul, hostile au soutien systématique à l’entité sioniste, ayant une fois encore marqué sa différence et son originalité au sein d’un océan de conformisme politiquement correct). Netanyahou a également exercé une forte pression sur le président Obama, en vue de parvenir à obtenir de sa part un engagement plus ferme à l’encontre de l’Iran, y compris sur le plan d’une éventuelle action militaire ; mais là, il s’est heurté à une forte réticence, celle-ci prouvant une fois de plus qu’Obama est un homme beaucoup plus sensé que la plupart de ses adversaires républicains.

 

Si, comme nous l’avons vu un peu plus haut, il est fort douteux que l’implication de la France dans les menées anti-syriennes et anti-iraniennes soit due à un appui inconditionnel à la politique séoudienne et à celle de son appendice qatarien, il n’en va pas du tout de même dès lors que l’on envisage les connexions sionistes de la classe dirigeante au pouvoir en France. Dans notre commentaire du 29 septembre 2011 sur un échec de Sarkozy à l’ONU à propos de la Palestine, nous avions noté que l’un des principaux axes de la politique étrangère de Sarkozy était un soutien appuyé à l’Etat d’Israël, qu’il ne s’en était jamais caché et qu’il s’agissait là d’une caractéristique dont un article du Monde du 23 septembre 2011 affirmait qu’elle trouvait son origine dans l’attachement que Sarkozy éprouvait pour l’un de ses grands-pères, un Juif de Salonique. C’est donc vraisemblablement dans ce soutien systématique à Israël qu’il faut chercher une explication à l’implication de la France dans la politique atlantiste d’hostilité à la Syrie et à l’Iran. Mais cela ne répond pas à la  question de fond : en quoi une politique de soutien appuyé à Israël est-elle conforme à la défense des intérêts légitimes de la France et de l’Europe ? Les Français recevront-ils un jour une réponse à cette question de la part de ceux qui prétendent les diriger ?

 

A l’appui de ce qui vient d’être écrit à propos des préférences israéliennes de Sarkozy, nous citerons le bulletin d’information de la chaîne i-Télé diffusé hier à 22 heures 30. Ce bulletin comportait les habituels « échos » de Michaël Darmon concernant la campagne pour la Présidentielle, où ce journaliste signalait que Sarkozy venait d’annoncer que, s’il était élu, son premier déplacement à l’étranger serait pour Israël. Michaël Darmon en déduisait fort justement que, en dépit de sa communication affichée à ce sujet, Sarkozy se situait ainsi dans une démarche totalement communautariste. Nous ajouterons que sa déclaration le place aussi, d’emblée, dans une situation de vassalisation vis-à-vis d’un Etat étranger, exactement comme Marine Le Pen (cf. notre commentaire du 1erfévrier) : il en résulte que les Français attachés à l’indépendance de leur pays ne sauraient voter ni pour l’une, ni pour l’autre !

 

Un dernier point pour terminer. Il concerne la cible ultime de l’offensive atlantiste en cours. Apparemment, celle-ci semble être l’Iran. Il semble toutefois qu’il soit souhaitable de regarder plus loin que ce seul pays. Pour préciser les choses, rappelons quels sont les grandes puissances qui soutiennent habituellement l’Iran : il s’agit d’abord de la Chine et de la Russie. Or, si l’on va au-delà des analyses et commentaires habituels, on peut très bien considérer que c’est non seulement l’Iran qui est visé par les pressions atlantistes, mais aussi, et peut-être surtout, ceux qui le soutiennent. Cela paraît assez évident en ce qui concerne la Chine, grand rival industriel des Etats-Unis, mais ça l’est tout autant, voire plus, dans le cas de la Russie, comme l’ont montré les déchaînements de mauvaise foi et de basse propagande auxquels nous avons eu droit après la récente élection de Vladimir Poutine. Que reproche-t-on à la Russie ? Tout simplement, à notre avis, d’avoir su, grâce à Poutine, conserver la maîtrise de ses immenses ressources naturelles après l’effondrement de l’Union soviétique. Cela, il y a des forces qui ne le digèrent pas : nous aurons certainement l’occasion d’y revenir.                                           

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M
Merci pour ce tres bon article ! J'ajoute que les "révolution Arabes" ont permis de donner l'impulsion de départ, nécessaire a la bonne démarche de ce plan.
Répondre
F
<br /> <br /> Merci de cette réaction, dont nous ne prenons connaissance que tardivement. Il est à noter que, en ce début d'octobre 2012, le bon déroulement du "plan" semble connaître quelques déboires en<br /> Syrie...<br /> <br /> <br /> <br />