CRISE À ROME : CE N’EST PAS BERLUSCONI QUI MENACE L’EUROPE, C’EST WALL STREET !
Extrait du site lemonde.fr, le 10 décembre 2012 à 11 heures 37 :
« LA LEÇON DE TACTIQUE DE MARIO MONTI, LE ‘’PROFESSORE’’
« En smoking et nœud papillon, vendredi 7 décembre, pour la première de Lohengrin de Wagner à la Scala de Milan, Mario Monti a joué comme à son habitude sa petite note personnelle. Alors que la bonne société italienne consacre l'entracte à commenter avec des mines graves la décision, prise la veille par Silvio Berlusconi, de lâcher "il Professore", ce dernier affiche son flegme : "Le Roi-Soleil s'est un peu éloigné de moi." (…).
« Si M. Monti est si zen, c'est qu'il a déjà pris sa décision d’annoncer au président de la République, Giorgio Napolitano, qui le reçoit samedi, sa décision "irrévocable" de démissionner une fois le budget voté, aux alentours de Noël. L'ancien commissaire européen ne veut pas vivoter jusqu'au terme prévu de son mandat sous la menace perpétuelle de son prédécesseur. Il quittera le pouvoir à la date et à l'heure qu'il a lui-même fixées.
« Cette manœuvre a deux avantages immédiats : elle renvoie sur M. Berlusconi la responsabilité entière de la crise gouvernementale et le prive du temps nécessaire pour se transformer en opposant crédible après avoir engagé son parti, le Peuple de la liberté, à soutenir le gouvernement technique pendant treize mois au sein de "l'étrange majorité" ; mais, surtout, elle laisse intacte la réputation de l'ancien commissaire européen, qui n'aura pas essuyé un vote de défiance.
« Malgré un bilan en demi-teinte (récession, hausse du chômage et des impôts), M. Monti, entré en fonction dans les habits d'un austère professeur d'économie, en ressort en homme d'Etat regretté par ses pairs. (…).
« J’AI LES MAINS PLUS LIBRES »
« Rome est de nouveau un passage obligé, comme l'ont démontré les visites de François Hollande et d'Angela Merkel, à la recherche d'une solution pour la crise de l’euro. La Péninsule est redevenue fiable aux yeux des marchés, où les titres de dette italienne trouvent preneur à des taux désormais plus supportables.
« Pour M. Monti, tout commence. "J'ai les mains plus libres qu'avant", aurait-il confié à son entourage. L'ancien commissaire européen a l'embarras du choix. Les centristes, le patronat et les milieux catholiques veulent en faire leur champion pour les prochaines élections législatives. Lui préférerait attendre qu'on vienne le chercher au cas où le scrutin n'accoucherait d'aucune majorité. Une partie de la gauche le verrait bien au Quirinal comme nouveau président de la République. A Bruxelles, son nom est évoqué pour succéder au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, en 2014. (…) ».
Le commentaire de ForumSi :
CRISE À ROME : CE N’EST PAS BERLUSCONI QUI MENACE L’EUROPE, C’EST WALL STREET !
Nos « grands » médias sont terriblement disciplinés. A peine connaissait-on les nouvelles, quasi-simultanées, du « retour » de Berlusconi, d’une part, et du « départ » de Monti, d’autre part, que nos soi-disant « journalistes » répercutaient les mots d’ordre qu’ils venaient d’être chargés de diffuser, mots d’ordre que l’on peut résumer de la façon suivante : « les marchés sont inquiets et les taux de la dette souveraine italienne risquent de remonter, ce qui relancera la crise de l’euro ».
Ce que France inter, si nos souvenirs sont bons (à moins que ce ne soit France info), résumait en une formule lapidaire, le 10 décembre au matin : « L’Italie menace l’Europe » ! Eh bien non, messieurs les pseudo-journalistes, ce n’est pas l’Italie qui menace l’Europe, mais Wall Street, comme nous l’avons démontré dans nos articles et commentaires regroupés sous la rubrique « Quand Wall Street attaque l’euro ».
MONTI S’EN VA…PUISSE-T-IL NE JAMAIS REVENIR !
Rappelons, en effet, que ce qui a été mis en avant lors de la crise italienne ayant entraîné le départ de Berlusconi, à savoir le poids de la dette dans le PIB italien, était un argument totalement fallacieux, puisque ce poids, exprimé en pourcentage de ce même PIB, n’avait pas changé depuis des années, et n’avait d’ailleurs pas été aggravé par la politique de Berlusconi, bien au contraire.
La crise italienne de l’époque est née de manœuvres spéculatives visant à créer une hausse artificielle des taux de la dette souveraine, manœuvres spéculatives qui avaient pour but d’affaiblir un peu plus l’euro, après les attaques qui venaient d’être menées contre la Grèce. Ces manœuvres spéculatives, alors dénoncées comme telles par Berlusconi, ne pouvaient, comme les précédentes, venir que de Wall Street, puisque seuls les établissements financiers américains ont la taille nécessaire pour mener de telles opérations, et puisqu’ils sont surtout les seuls à y trouver un intérêt : celui d’affaiblir l’euro pour rétablir la suprématie du dollar, ce dollar qu’ils manipulent à leur guise.
Ces manœuvres provoquèrent le départ de Berlusconi dans des conditions scandaleuses, qui s’apparentent à un coup d’Etat à la suite duquel on tira du chapeau le dénommé Monti, qui n’était pas un homme politique, mais un technocrate sans mandat électif susceptible de rassurer les « marchés »…Et l’on voudrait nous faire regretter cette façon de procéder ?! Bien au contraire, réjouissons-nous du départ (réel ?) de Monti, cet auxiliaire des gnomes de Wall Street et du capitalisme spéculatif, en espérant -ce qui n’est malheureusement pas assuré- qu’il n’aura pas la possibilité de revenir.