POUR RESTITUER DU POUVOIR D’ACHAT, IL FAUT RELANCER L’ÉCONOMIE !
Extrait du site lemonde.fr, le 17 décembre 2012 à 8 heures 37 :
« UNE QUINZAINE D’ÉLUS SOCIALISTES APPELLENT HOLLANDE Á CHANGER DE CAP
« Une quinzaine de députés et élus socialistes ont écrit au président François Hollande pour lui demander de modifier son cap afin de répondre à "l'aspiration légitime des salariés et des ouvriers modestes à améliorer leurs conditions de vie matérielles".
« "Il est urgent de remettre l'agenda économique et social en tête des priorités de l'action gouvernementale", écrivent, dans une lettre publiée lundi 17 décembre par Le Parisien-Aujourd'hui en France, ces élus, sous la houlette de Laurent Baumel, député-maire de Ballan-Miré (Indre-et-Loire), Philippe Doucet, député-maire d'Argenteuil (Val-d'Oise) et François Kalfon, conseiller régional d’Ile-de-France. (…).
« LA GRANDE RÉFORME FISCALE REDISTRIBUTIVE
«"Si nous souscrivons à l'objectif de redressement des comptes publics et de la compétitivité de nos entreprises poursuivi par le gouvernement, nous pensons qu'il faut l’accompagner de la mise en place de la grande réforme fiscale redistributive annoncée par François Hollande pendant sa campagne", expliquent les signataires. Il s'agit, selon eux, de "restituer du pouvoir d'achat aux millions de salariés qui subissent la stagnation salariale et la difficulté croissante à boucler les fins de mois, à mettre de l'essence dans le réservoir, à payer le loyer ou les études des enfants". (…) ».
Le commentaire de ForumSi :
POUR RESTITUER DU POUVOIR D’ACHAT, IL FAUT RELANCER L’ÉCONOMIE !
Alors que le président de la République et son gouvernement s’efforcent de distraire l’opinion publique à l’aide de sujets dits « sociétaux » (le mariage des homosexuels, la procréation médicalement assistée -ou PMA- pour les couples de lesbiennes, le droit à une « mort douce », etc.), la France s’enfonce de plus en plus dans une crise et une décadence dont les sujets « sociétaux » que l’on vient d’évoquer sont finalement, eux aussi, une marque éclatante.
Dans ce contexte, il s’est créé un décalage évident entre ce qui semble ainsi préoccuper nos gouvernants et ce que le peuple attend d’eux, ce peuple qui souhaite ardemment que la France retrouve son rang et sa prospérité, et qui se moque éperdument de savoir si Caroline Fourest et Fiammetta Venner vont pouvoir satisfaire leur prétendu « droit à l’enfant » grâce à la PMA. Un décalage tellement évident qu’un certain nombre d’élus socialistes ont fini par s’en apercevoir : d’où cette lettre à François Hollande, à qui ils demandent de répondre aux attentes des salariés et ouvriers modestes concernant leur niveau de vie.
LES SOCIALISTES ATLANTISTES MANQUENT D’IMAGINATION
Nous ne pouvons que souscrire à l’inquiétude de ces élus, car notre peuple souffre et attend effectivement autre chose de ses gouvernants que d’inutiles débats sociétaux. Mais, ce à quoi nous ne souscrivons pas, c’est à la « solution » recommandée par ces mêmes élus pour répondre à cette attente de notre peuple. Cette solution, la redistribution fiscale des revenus, nous paraît en effet totalement inadaptée, parce qu’elle passe totalement à côté de la question de fond, celle de la stagnation économique.
Les socialistes, finalement, n’ont que peu d’imagination et s’en remettent toujours aux mêmes solutions inefficaces. Souvenons-nous, en effet, des 35 heures. Quel en était l’objectif ? Tout simplement de prendre du travail à ceux qui en avaient, pour le donner à ceux qui n’en avaient pas, de façon, nous disait-on, à diminuer le chômage. A la vérité, il ne s’agissait pas d’un partage du travail, mais bel et bien d’un partage de la pénurie, pour cette raison que, dans la France des années 80, le problème réel était déjà celui d’un affaiblissement de l’activité économique, générateur de chômage. Et les 35 heures ne pouvaient donner aucun résultat solide, puisqu’elles ne s’attaquaient pas à la cause du chômage : l’insuffisance de notre activité productive.
Comme on le sait, les choses ne se sont pas arrangées depuis, et il est affligeant -mais guère surprenant- de voir un groupe de socialistes « atlantistes » (nous appelons ainsi les membres du PS parce qu’ils refusent de désigner les gnomes de la finance new-yorkaise comme les responsables de la crise où nous nous débattons, des responsables que nous avons démasqués dans nos articles et commentaires regroupés sous la rubrique « Quand Wall Street attaque l’euro ») faire une nouvelle fois fausse route avec cette recommandation d’une redistribution fiscale des revenus. Leur raisonnement est ici exactement le même que dans le cas des 35 heures : on prend à ceux qui ont encore (du travail, de l’argent…mais pour combien de temps ?), pour donner à ceux qui n’ont plus (de travail, ni d’argent).
LE « PACTE DE COMPÉTITIVITÉ » PARAÎT TOTALEMENT INSUFFISANT
Or, il est évident qu’une telle politique ne peut, logiquement, donner de meilleurs résultats que celle des 35 heures, tout simplement parce que, comme cette dernière, elle s’attaque à une conséquence -la baisse du pouvoir d’achat- et non à la cause de celle-ci : la stagnation de l’activité économique. La pseudo-solution des socialistes atlantistes signataires de la lettre à Hollande, pseudo-solution mettant l’accent sur les écarts entre les revenus, et non sur ce qui crée ces mêmes revenus, peut, en définitive être résumée d’un seul mot : démagogie, et rien d’autre ! Car même si la redistribution fiscale recommandée peut, sur le très court terme, engendrer quelques effets positifs sur les revenus les plus modestes, elle n’en aura aucun au-delà, puisqu’elle ne se sera pas attaquée à la cause de l’insuffisance de ces revenus les plus modestes, qui n’est autre, répétons-le, que l’insuffisance de l’activité économique, une insuffisance qui ira en s’aggravant si rien n’est fait pour la contrecarrer, tant et si bien qu’à terme, la fiscalité redistributive ne servira plus à rien, puisque, la création de richesse par l’économie continuant à régresser, il n’y aura plus rien à redistribuer…
La seule solution sérieuse pour restituer, durablement, du pouvoir d’achat aux Français les plus modestes consiste donc à relancer l’économie. Les socialistes atlantistes signataires de la lettre à Hollande évoquent brièvement cet aspect des choses en faisant très indirectement allusion au « pacte de compétitivité » présenté par Ayrault il y a quelques semaines et dont nous avons rappelé les grandes lignes dans notre commentaire du 4 décembre. Pour les socialistes, non pas « atlantistes », mais « identitaires » que nous sommes, quant à nous (« identitaires », car soucieux de satisfaire la totalité des aspirations légitimes de notre peuple, y compris dans leur enracinement ethnique, géographique et historique), il est évident que ce « pacte » est bien trop timoré pour produire des effets réellement tangibles sur la situation des Français les plus défavorisés.
Le pacte de compétitivité Ayrault, en effet, doit se traduire par un crédit d’impôt de 20 milliards d’euros en faveur des entreprises. C’est bien peu si l’on se souvient que, durant la présidence de Sarkozy, la dette de la France s’est alourdie de 500 milliards d’euros, en grande partie pour faire face aux conséquences économiques de la crise des subprimes. Avec ses 20 milliards pour la relance, le couple Hollande-Ayrault ne paraît donc pas à la hauteur du problème de notre insuffisance productive, qui doit bien, lui aussi, se chiffrer en centaines, et non en dizaines, de milliards d’euros, d’autant que le « pacte » ne comporte aucune mesure de protection de la production nationale, si ce n’est une hausse modérée de la TVA, vaguement inspirée de l’idée de TVA sociale, laquelle, rappelons-le, peut être intéressante si son application est résolue et non timorée (cf. notre article du 4 décembre).
LES SOLUTIONS D’UN SOCIALISME IDENTITAIRE
Tout ceci est très, très, insuffisant. Si l’on veut vraiment la relance, il faut frapper juste et fort ! Il est souhaitable, bien sûr, que cela se fasse en concertation avec nos partenaires européens, et nous avons donné les grandes lignes de ce que devrait être une action européenne en conclusion de notre commentaire du 6 octobre. Mais il est d’ores et déjà possible d’agir dans le cadre français, d’une part, comme nous venons de l’indiquer, en appliquant vigoureusement le mécanisme de la TVA sociale, pour défendre nos productions, d’autre part en dégageant une masse importante de financement de notre relance grâce à la dénonciation, partielle et ciblée, de notre dette souveraine. Ainsi que nous l’avons rappelé plus haut, l’alourdissement de celle-ci est venu, en effet, pour une bonne part, du besoin de financement des plans de redressement économiques rendus nécessaires par la crise des subprimes. Il serait donc parfaitement légitime de déduire des sommes dues aux banques américaines au titre de la dette souveraine, d’une part ce qui correspond à l’effet des subprimes, et, d’autre part, ce qui correspond aux montants des plans de redressement mis en œuvre pour combattre cet effet.
L’application de ces deux mesures devrait permettre d’obtenir rapidement une croissance vigoureuse. A ces mesures purement financières, il conviendrait d’adjoindre un volet social. Le premier objectif de la croissance doit être, nous l’avons vu, de recréer de la richesse pour restituer du pouvoir d’achat aux Français les plus modestes. A cet effet, on pourrait envisager que la richesse supplémentaire engendrée par la relance soit affectée, pour sa plus grande part, au relèvement du SMIC -les autres revenus étant gelés et le solde étant consacré à la recherche et au développement- jusqu’à ce que celui-ci atteigne un montant permettant à ses bénéficiaires de mener une vie décente.
Comme le relèvement du SMIC à l’aide des gains de croissance ne serait pas réalisable avant le délai nécessaire pour que la relance apporte ses premiers fruits, une fraction de la dette non remboursée aux banques américaines pourrait être consacrée, dès la mise en œuvre de ces mesures, à une amélioration sensible de la situation des Français les plus défavorisés, qui pourraient ainsi bénéficier immédiatement des premières retombées du dispositif dont les grandes lignes viennent d’être exposées, un dispositif qui, on voudra bien le reconnaître, aurait quand même un autre impact que les petites propositions démagogiques des socialistes atlantistes : n’est-ce pas la preuve que le vrai socialisme, celui qui serait réellement au service du peuple, ce n’est pas le leur, mais le socialisme identitaire ?